01 novembre 2007

Expérience.

Aujourd'hui dans le genre sensations fortes, j'ai été servie.

Passons la grosse frayeur en ne voyant plus, ce matin à 6h30 (vous avez bien lu - inhumain non?) mon fidèle vélo dans la cour ce matin... Bon ok, selber schuld, je l'avais laissé garé ailleurs. Mais déjà l'adrénaline se rassemblait dans mes cordes vocales, prètes à insulter la terre entière...

Aujourd'hui à l'école j'étais sensée, après une heure d'histoire sans problème avec les 13ème vus mardi, avoir une heure libre puis deux heures de français.
En réalité, ma tutrice étant toujours absente, tout a été chamboulé... et voilà Frau D., qui me chaperonne en ce moment, se tournant vers moi un peu flippée et me disant combien ça l'arrangerait si je m'occupais des 13ème... maintenant. Seule.
Bon, c'est vrai qu'ils avaient juste à terminer le travail en petit groupe commencé mardi. Je n'aurais qu'à passer dans les rangs pour corriger les fautes et donner un coup de main.
Mais quand même!!! j'ai senti un petit vent de panique me traverser lorsque j'ai hoché la tête en disant "ich mach das". Ma voix intérieure a protesté, mais c'était trop tard.
Deux minutes plus tard c'était parti... et ça s'est très bien passé. Wie gesagt, je n'avais pas grand chose à faire et l'heure a passé bien vite. Et puis les 13ème sont très sympa, et font des efforts.

Frau D. perdue de vue, je regarde la suite de mon emploi du temps chamboulé, et visiblement j'enchaine sur du français avec les 12ème. J'arrive dans la salle, les élèves sont seuls. On me regarde bizarrement, et je comprends vite qu'il va falloir attaquer sans Frau D., qui se débat encore avec ses changements d'emploi du temps...
Tant pis je me lance. Je me présente en français, leur pose des questions. Aucune réaction. C'est vrai, ils ne font du français que depuis un an... je mélange un peu français et allemand, et peu à peu ils se décoincent.
L'ambiance de cette classe (17-18 ans), malgré seulement un an d'écart avec les 13ème, est beaucoup plus ado-con-con. Ca chambre pas mal, et les garçons "ressentent le besoin" de faire les imbéciles devant moi. Mais au bout de quelques minutes ils se calment un peu, essayent de me comprendre et de baragouiner un peu de français. Frau D. finit enfin par arriver, et les encourage à me poser des questions, à "m'utiliser".
Je remarque peu à peu que Frau D. me sollicite beaucoup. Je la comprends, elle est super heureuse d'avoir une native "à disposition" et a des tas d'idées. Et puis elle veut m'intégrer... mais un peu trop vite je trouve. Je n'ai même pas encore observé de classe de français, parce qu'elle me fait faire tout de suite des travaux avec les élèves. Et lorsqu'elle me demande d'improviser un petit exercice avec les 12ème que je connais depuis dix minutes, et ce après 3h de cours sans pause, je lui dis gentiment que c'est un peu tôt. Un peu plus tard je lui explique que cette semaine, à part me présenter, je suis sensée uniquement observer... chose qu'elle avait un peu mise de côté.

Les deux dernières heures ont été vraiment "krass"... spéciales... Ce sont des classes techniques que je n'aurai pas - ils ne font pas de français - mais Frau D, qui leur enseigne l'allemand/communication m'a proposé de venir, juste pr voir. Et voyant l'intérêt de la classe (la première: des BEP vente) pour moi, elle décide de leur apprendre à se présenter en français...
Chose d'un côté un peu stupide je trouve, parce qu'ils n'ont jamais fait de français et ce ne sont pas 45 minutes qui vont changer les choses, et d'un autre côté pas si bête, parce qu'elle a tout de suite voulu exploiter le brin de motivation montrée par les élèves, et ça n'a pas trop mal fonctionné, même s'ils sont loin d'être aussi cool que les classes lycées.

Mais le pire était à venir. Là encore, Frau D m'a proposé de venir pour "l'expérience". Eh bien j'ai été servie!!
Il s'agit d'une classe de 8 élèves qui n'ont pas obtenu de place en formation en alternance dans une entreprise - à cause de mauvais bulletins, problèmes de discipline etc. Ils sont donc une fois par semaine à l'école pour prendre des cours sensés les aider à trouver une place.
En rentrant dans la classe, le choc. Physiquement, ils sont presque tous affreux. Ils parlent fort et mal, s'adressent à la prof de façon limite, peuvent à peine se concentrer, remuent en permanence. Pour certains on pourrait presque dire qu'ils ont des problèmes mentaux.
Mais comme tous depuis le début, ils sont très cool avec moi et semblent un minimum intéressés. Du coup rebelote, Frau D. décide de leur inculquer un peu de français, histoire de les valoriser un peu et ravie de les voir montrer de l'intérêt...
Je participe comme je peux mais je laisse Frau D. s'en occuper. En sortant je suis lessivée, et elle aussi. Elle me confie qu'elle est une des seules à bien vouloir s'occuper de ce genre de classe - les autres profs craquent très vite et ça ne m'étonne pas.
Son argument, et il n'est pas faux, c'est que ces élèves ne sont absolument pas méchants. Ils n'ont juste pas été éduqués par leurs parents, et elle trouve injuste de les sanctionner à cause de ça. Mais il faut quand même avoir les nerfs solidement accrochés pour s'occuper d'eux.
En sortant je suis soulagée en pensant à mes lycéens timides, souriants, au pire un peu trop adolescents...

... jusqu'à ce que j'apprenne que ma tutrice vient de passer à l'école, pour dire qu'elle est en congé maladie pendant encore deux semaines. Aaargh! Résultat, je commence la semaine prochaine la transition vers mes premières heures de cours seule - et pour compenser j'observerai un peu moins. Donc moins d'heures passées à l'école mais plus de travail. Maintenant que je connais les classes ça ne me gène pas, j'aurai juste 2 fois une heure à faire seule - à chaque fois introduites par Frau D, et avec des élèves très cool...

... Donc je ne panique pas. Du moins pas encore, ha ha.

[rire nerveux]

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Haletant, plein de suspense, ton récit ! Non que je sois resté plaqué sur le siège tout le long, la transpiration dévalant mon front façon Niagara; mais sérieusement, on s'y croierait.

On les voit bien, les potaches. Et puis sacrée Frau D. Sacrée Fraulein K. Et ouf, fin heureuse (traduction anglaise : happy end), juste de l'humaine trouille, du trac, pas de victime sur le front allemand ou français, et, côté lecteur (môa), sensation de soulagement. Pas autant que toi, on suppose.
On appelle ça un baptême du feu. A consommer avec modération mais source de grande satisfaction après coup, nicht ?

Je conclus en t'embrassant fort, as usual !
G.

Anonyme a dit…

je sens que Frau D. va s'en prendre plein la gueule bientôt...dans le prochain post?

E.

Ariane* a dit…

C'est marrant, j'ai comme l'impression que vous me connaissez bien, G. et E. ...

(G.? E.? Mais qui cela peut bien être?)

Anonyme a dit…

Faudrait leur dire aux Allemands, que la journee est longue, et qu il est peut etre pas absolument indispensable de se lever a 5h30...

Lucie, Morgen-sehr-früh-Muffel

Anonyme a dit…

... Qu'attend die Linke pour s'emparer de ton cas? Une jeune Française que ses géoliers teutons contraignent à ne pas dormir, voilà qui devrait réveiller la solidarité prolétarienne de part et d'autre de la frontière ! OSKAR, ARIANE BRAUCHT DICH ! G.

Anonyme a dit…

Si elle a FRAU D, il faut la mettre en prison !

Anonyme a dit…

Se retrouver toute seule dans une classe avec les élèves alors que tu l'avais pas prévu, bah... à moi aussi, ça m'a foutu les jetons la première fois que ça m'est arrivé ! t'inquiète, t'es pas toute seule sur la planète "lectrice-aux-abois"...
gros bisous

Prix Polar a dit…

Cette Frau D. semble bien sympatoche dis-moi ;) je sens qu'elle reviendra dans les récits! Bon courage en tout cas, moi aussi j'avais crisé avec mes 8e... Si j'avais en prendre un pour taper sur l'autre, je l'aurais fait! Mais sinon ils sont adorables et heureusement que le côté "nativ speaker" te valorise à leurs yeux ^^