28 décembre 2006

"Je revois ces mains de ma mère agrippées sur son sac comme à sa destinée. Les mains de Dieu ne me semblaient pas plus belles. Quand j'étais toute petite et que j'avais par hasard aperçu quelque chose qui m'obsédait ou qu'une pensée terrifiante me venait, par exemple celle de la mort possible de ma mère, lorsque à cinq ans je la découvris mortelle, j'allais vers elle et le lui disais. Ma mère passait alors sa main sur mon visage, doucement, et me disait "Oublie". J'oubliais et repartais rassénérée. Avec ces mêmes mains, plus tard, elle me battait. Et elle gagnait mon pain en corrigeant des copies ou en faisant des comptes à longueur de nuit. Elle y mettait la même générosité. Elle battait fort, elle trimait fort, elle était profondément bonne, elle était faite pour les violentes destinées, pour explorer à coups de hache le monde des sentiments. Elle était fort malheureuse, mais elle trouvait son compte de bonheur dans ce malheur même parce qu'elle aimait le travail et le sacrifice, et ce qu'elle préférait à tout c'était s'oublier, s'étourdir dans des illusions sans fin. Ma mère rêvait comme je n'ai jamais vu personne rêver. Elle rêvait son malheur même, elle en parlait avec fierté, elle ne connaissait pas la vraie tristesse mais seulement la douleur, parce qu'elle avait une âme d'une violence royale qui ne se serait pas complue dans l'acceptation que toute tristesse comporte."

Je suis en train de lire "Cahiers de la guerre et autres textes" de Duras (chez P.O.L).

23 décembre 2006

Une après-midi à Paris

Passer une simple après-midi avec mes amis parisiens, rien de tel pour me remettre dans le bain. Voici donc l'équipe de "la rigole" (cf liste des liens) au complet, réunie dans notre QG dans le 11eme...




Vue de l'appart' de JB, à République


Je pars demain passer Noël à Nantes; retour prévu le 26. Mon portable français fonctionne toujours, alors n'hésitez pas...

22 décembre 2006

Jetlag

C'est vrai, il n'y a pas de décalage horaire de l'Allemagne à la France... Mais un décalage, il y en a un, et il n'a jamais été aussi évident pour moi que depuis les quelques heures qui marquent mon retour "chez moi".
Mais chez moi c'est où, en fait?
Si je pouvais répondre à cette question, je ne ressentirais pas sûrement pas ce léger spleen qui m'accompagne depuis Berlin... Ah oui, Berlin. Arrivée au terminal d'easyjet, je me rends compte avec horreur que je suis entourée de français. Ils sont absolument partout, pas moyen de les éviter comme je le fais souvent en Allemagne (bon, d'accord j'ai des potes français à Leipzig, mais c'est différent! Ce sont des gens qui eux-mêmes font l'effort de rencontrer des allemands et de ne pas s'enfermer...). Retour à berlin, donc: je laisse trainer une oreille parmi les conversations, et là, je frémis. Ce ne sont QUE des étudiants, des assistants ou des Au-pair qui rentrent chez papa-maman.
Comme moi, quoi?!
Ben oui... justement. Soudainement j'ai l'impression de me trouver au milieu d'un enclos plein de moutons clônés.
Soudainement... j'ai plus envie de rentrer. J'ai envie de les planter-là, ces nigauds de parigots, et de courir rejoindre Uwe à Kreuzberg, ou carrément de reprendre le ICE direction ma p'tite ville, Leipzig. A moi Lebkuchen, Glühwein et Stollen!

Evidemment, je n'en aurais jamais eu le cran. A l'heure où je vous écris, ça va déjà un peu mieux.
Après avoir sorti des phrases "frallemandes" d'anthologie, après avoir cherché - en vain - les 4 poubelles différentes, mes parents ont trouvé l'argument pour me faire revenir sur terre:

De la baguette fraîche, du foie gras et du champagne.

Bigre! j'avais oublié que la France a aussi ses bons côtés...

20 décembre 2006

Paris, me revoilà...

... Pour quelques jours, en tout cas. J'arrive demain à Orly, à 15h30.

En attendant, hier c'était repas de Noël à la WG, mené de main de maître par Micha, qui nous a cuisiné un repas de chez lui (Erfurt, en Thuringe): des roulades au lard avec du choux rouges et des pommes de terres rapées.


(Micha est serveur dans un restau gastronomique, ce qui explique la table hallucinante qu'il nous avait préparé...)

Markus et Tabea (qui m'ont poursuivie dans tout l'appart pour que je supprime la photo... raté!)

18 décembre 2006

Prague, un récit en trois parties

Marine a mis par écrit nos aventures praguoises, dignes d'un véritable feuilleton en trois parties.
Le premier épisode est à lire ici : http://marine-en-viree.over-blog.com
Je vous conseille d'aller faire un tour, c'est franchement très drôle...

17 décembre 2006

Marine!

Je tenais à lui passer un petit coucou sur ce blog, histoire de lui tirer encore quelques larmes (et autant vous dire qu'elles coulent à flots depuis quelques jours!)...

Marine et moi on s'est connues il y a trois ans, en prépa. Elle est venue faire son premier stage de troisième année de Sciences-Po à l'institut français de Leipzig, ça nous a donné l'occasion de nous voir plus souvent et de faire la fête ensemble... On s'est présentées nos potes, nos coloc', on s'est fait des petits voyages ensemble (Dresde, Prague...), bref on a bien profité de ces quatre mois...


Marine s'en va la semaine prochaine pour d'autres aventures, loin de Leipzig.... Je voulais donc lui faire un p'tit clin d'oeil sur mon blog, et lui dire que nos aprèm "chocolat mit Sahne et Apfelstrudel" au café Pouschkine tout comme nos soirées endiablées vont bien me manquer...

Viel Spass à Montréal, Marin!!

12 décembre 2006

"Nur im Osten geht die Sonne auf"

"Le soleil se lève seulement à l'est"


Aujourd'hui, deux françaises que je connais de loin ont présenté un exposé dans mon séminaire "Mediensystem der DDR". Un mini-évènement qui me donne l'occasion de revenir sur Leipzig et l'Allemagne en général.

Ces deux filles ont présenté leur sujet: "Werbung in der DDR" (la pub en RDA). Elles ont commencé par dire qu'elles étaient françaises, qu'elles n'avaient pas connu cette époque et que leur travail était théorique - bref, qu'elle s'excusaient par avance des erreurs qu'elles pourraient faire, et qu'elles ne voulaient blesser personne par leur regard français.
Bon, pourquoi pas.
L'exposé se basait principalement sur un livre très technique sur la pub; passons sur l'aspect archi scolaire de l'exposé qui m'a passablement agacée (très franco-français, en gros)... Au cours de leur travail les filles évoquent le quotidien concret en RDA: des publicités télévisuelles connues à l'époque, des émissions typiques, ou même des produits connus uniquement à l'est- le tout d'une façon tellement scolaire, tellement éloignée de la réalité, que j'aperçois peu à peu quelques sourires génés sur le visage des étudiants, voire des signes d'une franche hilarité. Je lis sur leur visage "aah la la, ces français, ils se font vraiment une belle idée de nous, ex-ossis [anciens habitants de l'est]"...
Et j'ai envie de leur dire que ces filles là n'ont tout simplement jamais fait l'effort de vraiment parler avec les gens d'ici, que si elles avaient un minimum fait preuve d'ouverture, elles auraient compris qu'il vaut mieux éviter d'évoquer la RDA comme on parlerait d'un pays lointain et curieux, somme toute un peu bizarre, dans un séminaire où 99% des étudiants viennent de l'est. Au final, elles n'auraient pas eu besoin de faire cette intro un peu maladroite qui a fait sourire tout le monde.
Mais je me tais, bouillant de l'intérieur, avec l'envie de me cacher sous la table... Le fait que je puisse être assimilée par les autres à ce manque d'ouverture et de tact me donne des boutons.

Quelques heures plus tard je raconte la scène à Lucie. Elle aussi vit en coloc', avec 3 anciens Ossis; mes coloc à moi sont deux anciens Ossis, deux anciens Wessis.
En discutant, nous nous rendons compte que bien que nos coloc' soient tous assez jeunes, ils ont tout de même vécu les dernières années du communisme, dans leur enfance. La RDA c'est quelque chose de très important pour eux, une période de leur vie qui ne s'effacera jamais. C'est même justement parce qu'elle appartient à la petite enfance que c'est important; car pour beaucoup, cette époque est liée à des bruits, des odeurs, au goût des biscuits, du chocolat, aux émissions de télévision pour petits... Tous ces détails que l'on retrouve dans le film "Good-bye Lenin!", et qui ont pour beaucoup une réelle valeur effective.

Le mur est tombé, et Leipzig, bien qu'ayant vécu de grosses difficultés, prend son essor et accueille des étudiants venus de toute l'Allemagne. C'est une ville dont la réputation grandit: une ville étudiante, mais aussi intéressante sur le plan culturel (deuxième plus grand salon du livre d'Allemagne, festivals musicaux, opéra...). En tant que français, on a tendance à oublier l'ancienne existence du mur lorsqu'on vit dans une telle ville, avec des étudiants finalement pas si différents de soi; et pourtant, la frontière est parfois encore présente, comme dans le genre de situations que j'ai vécu "passivement" ce matin.

Rien que pour ces choses que l'on ne peut apprendre que sur place, je suis heureuse de vivre à Leipzig, et qui plus est avec des coloc' issus de régions et de milieux différents... Grâce à eux, j'en apprend tous les jours...

10 décembre 2006

"Un soir de r'tour"

Juste un petit mot pour dire que je viens de rentrer, que tout va bien, que ça s'est super bien passé... et que je vais me coucher.
Dès que j'aurai un peu repris mes esprits, je reviens raconter mon fabuleux week-end.

A très vite!

06 décembre 2006

C'est déjà Noël


Ha ça, Noël en Allemagne ça a définitivement plus de cachet que chez nous... Les marchés de Noël regorgent de merveilles à manger et à boire (les étoiles à la cannelle, les amandes grillées, le vin chaud-cannelle, le Stollen...), de petites choses complètement inutiles telles les bougies phosphorescentes ou les coeurs en chocolat décorés avec des "Ich liebe dich" en sucre...

Bref, tout ça est très kitsch, mais il suffit de s'y balader quelques minutes pour sentir peu à peu l'ambiance du grand barbu au costume rouge. Vous ajoutez à cela les enfants qui jouent de la musique dans la rue pour se faire des sous, et on y est presque.

Il ne manque plus que la neige...

En tout cas aujourd'hui c'était la Saint Nicolas. Et comme mon coloc Micha avait été un peu lourd ces derniers jours, il en profité pour se faire pardonner: chacun s'est réveillé ce matin avec un petit sac rempli de chocolats suspendu à la poignée de sa porte... Moi qui m'était promis de me remettre à la "gesund attitude", c'est plutôt mal parti.

Oh et puis tant pis! ce genre de petites surprises, j'en aimerais bien tous les matins...

Berlin, suite

Unter den Linden, illuminé...


Soirée "gemütlich" chez Uwe...


Un café dans le Hackescher Markt