28 septembre 2007

Nathalie et moi

Tout a commencé la semaine dernière, au Mc Cormac Ballrooms de Leipzig. Au moment ou je quittais le bar, j´ai été apostrophée par un type légèrement imbibé, qui s´est mis a beugler: "Du siehst totaaaaal wie Nathalie Licard aaaauuuus" (traduction envisageable: "truc de oouuuuuf tu ressembles troooooop a Nathalie Licard").
Première pensée: de qui parle-t-il?

Et soudain...

Premier flashback: Dietmar, ami d´Uwe, début mai, a mon retour en Allemagne, qui me regarde avec un sourire en coin en me disant "tiens c´est drole, avec tes nouvelles lunettes tu ressembles un peu à la francaise qui bosse dans l´émission d´Harald Schmidt".
Réaction à l´époque: ah... heu... elle est jolie au moins?
Puis j´ai vite oublié l´affaire.

Second flashback: première soirée à Dresde, un ami de mes coloc passe dire bonjour. On parle des clichés franco-allemands, et soudain je le sens qui me fixe d´un air bizarre. Il finit par me dire "Je dois avouer que tu remplis vraiment le cliché de la francaise par excellence (en francais dans le texte)... d´ailleurs c´est drole, tu me fais penser a cette francaise qui bosse chez Harald Schmidt... Nathalie Licard..."

Son nom est désormais prononcé, et s´infiltre dans mon cerveau. Mais qui est cette Nathalie?? C´est devenu LA question obsédante. Si bien que lorsque l´autre imbibé s´est mis a beugler la phrase citée plus haut, je me suis dit ok, cette fois il faut que je sache qui est cette femme, ce qu´elle fait et surtout à quoi elle ressemble...


Nathalie Licard a la quarantaine, vient de Dax, a rencontré un allemand il y a une dizaine d´années et l´a suivi en Allemagne. Elle a commencé comme stagiaire dans l´émission d´Harald Schmidt - la version allemande du Jerry Springer show-, y a fait son trou et a fini par y jouer un role, celui de la petite francaise parlant un allemand matiné d´un accent francais à couper au couteau... Seulement au bout de 10 ans passés en Allemagne on finit par le perdre, cet accent. Or cette chère Nathalie schpricht immeur mit ayneum sehr starkeun akkzzennte.
Autant dire que son role de petite francaise à l´accent soutenu lui a attiré une certaine popularité, donc pas question de s´en séparer...

... Voila pourquoi Nathalie m´agace un peu, en ce moment... surtout qu´on se ressemble autant que deux chaussettes dépareillées... tsss...

19 septembre 2007

Dresde, J+1

Mon déménagement s'est déroulé sans embuches, et voilà, je suis installée dans ma nouvelle chambre, dans mon nouvel appart, mon nouveau quartier, ma nouvelle ville.

Hier soir, mon coloc' Carsten - chercheur en bio à la fac de Dresde - avait invité quelques collègues pour une "Moussaka party". C'était parfait pour une première soirée. Un ami brésilien de ma coloc' Katharina était là, ainsi que deux grecques parmi les invités: ambiance multikulti garantie. Le vin rouge aidant, j'ai même pu sortir quelques phrases en anglais, c'est dire... Je me suis éclipsée relativement tôt, complètement épuisée - il a beau être calme et sans problèmes, un déménagement reste un déménagement!
Dommage que la moussaka ait été si grasse... mon ventre ne l'a pas vraiment acceptée, et m'a fait passer ma première nuit à Dresde... à vomir. Nett! Du coup je me suis permis une grasse mat' d'enfer - et 24h de diète. Et évidemment, aujourd'hui tout le monde était frais et dispos, sauf moi ("trop grasse, tu trouves?" - grrrrr...)

Ce matin a donc été bien calme, j'ai terminé de déballer mes affaires, j'ai pris mon temps... et je suis partie me balader en ville, guide de voyage planqué dans mon sac - à ne sortir qu'en cas d'urgence. Je connaissais déjà le centre de Dresde pour y être passée avec Uwe, puis j'y suis retournée avec Marine, sa mère et Lucie l'hiver dernier. Le centre est incroyablement touristique, encore plus depuis que la Frauenkirche rénovée est de nouveau ouverte au public.

Ce que je ne connaissais pas de Dresde et que j'ai découvert en allant y chercher un appart', c'est le quartier où je vis: la Neustadt, au nord de l'Elbe. Je l'ai déjà dit, c'est le quartier le plus vivant, le plus coloré de la ville, un quartier baroque relativement préservé par les bombardements. Les étudiants ont envahi le coin, idéal pour sortir, et l'ambiance est vraiment géniale.
D'ailleurs ce quartier jouit vraiment d'une réputation: pas une personne à qui j'ai parlé de mon arrivée à Dresde ne m'a pas parlé de la Neustadt. Si bien que quand je suis partie à la recherche d'une WG, il était clair que j'allais chercher dans les environs. Sur place j'ai compris tout de suite que c'était là où je voulais vivre.

Pour l'instant je joue donc encore un peu la touriste, et j'apprécie. Découvrir une ville en solo fait partie de mes occupations favorites.
Demain je pars à la découverte de la bibliothèque. Puisque je ne commence que dans un mois à travailler, autant me mettre à bosser mon mémoire... en attendant de rencontrer un peu plus de monde!

17 septembre 2007

Dresde

Cette fois ça y est... Après quelques jours de glandouille tranquille à Leipzig, ciné, concert, Kaffee trinken et squat à la Kreuzstrasse (fief de mon amoureux), j'ai pris le taureau par les cornes et planifié mon déménagement. Plus envie de repousser indéfiniment ce qui est clairement une corvée...
Donc demain à 14h je quitte Leipzig.
Je passe le relais à tous ceux qui débarquent dans la ville pour se chercher une WG, les mêmes qui bientôt se taperont la fameuse Immatrikulationswoche, qui vivront les séminaires à 7h le matin (où il vaut mieux arriver à 6h pour avoir une chance d'avoir une place), qui suivront fidèlement le programme de Wilma, se plaindront des travaux, s'achèteront un vélo d'occasion, maudiront le duo Referat+Hausarbeit qui régit la vie de tout étudiant allemand, organiseront des WG Partys jusqu'à plus soif... ceux-là qui s'attacheront à Leipzig sans même s'en apercevoir, et qui, comme tous les étudiants étrangers d'ici, en partiront le cœur gros.

Le plus drôle c'est que je quitte Leipzig pour filer chez sa plus ardente concurrente: Dresde. Les deux villes sont les plus actives de Saxe, et comptent parmi les "villes montantes" d'Allemagne, celles qui changent beaucoup, très vite, dont la vie culturelle s'intensifie et attire de plus en plus de curieux.
Cette concurrence me fait rire.
A Leipzig on s'accorde pour dire que "Dresden ist schön". Mais il y a toujours un "... aber Leipzig ist viel cooler" qui suit.
Et à votre avis, que dit-on à Dresde? Pas très difficile...
En attendant j'ai la chance de connaitre les deux concurrentes.
Reste à voir si je serai capable d'arbitrer le combat tacite entre elles!

14 septembre 2007

Une ville en chantier

Pour répondre à So qui me demande où en sont les travaux, voici quelques photos prises en passant hier.
Pour ceux qui ne seraient pas au courant: pour le tri-centenaire de sa création, la fac de Leipzig fait peau neuve. Cela implique encore 8 mois de travaux qui ont commencé en janvier dernier, un chantier gigantesque et impressionnant en plein centre ville.
Très honnêtement, les images du futur campus ne m'enthousiasment pas, mais mieux vaut attendre de voir à quoi ça ressemblera en 2009...
En tout cas c'est assez passionnant de voir à quelle vitesse la ville se métamorphose. Entre le nouveau campus et le city-tunnel, la ville se transforme en un chantier géant.
Qui fait râler les uns et qui fascine les autres.



(Pour So: le Coffee culture est toujours à sa place. Quant aux cours, ils ont été éparpillés un peu partout dans la ville, entre le bâtiment principal provisoire à Brühl près de la gare, la Frauenklinik, le städtisches Kaufhaus, le Sportforum etc. Un sacré boxon, mais on s'y fait très vite sans problème...)

10 septembre 2007

Juli Zeh

C'est pour moi l'heureuse surprise littéraire de l'été. Juli Zeh (prononcer youli tsé), 27 ans, avocate vivant à Leipzig, compte parmi les jeunes écrivains allemands qui captent l'attention depuis déjà quelques années.


J'ai pour ma part commencé avec Spieltrieb (en français: La fille sans qualité). Un roman mettant en scène la rencontre entre Ada, adolescente précoce, froide et asociale, et Alev, un garçon arrogant, prétentieux et lui aussi d'une rare intelligence. Ces deux ados à l'écart échouent dans un "lycée de la dernière chance", sous les yeux de leur professeur d'allemand. Celui-ci va devenir malgré lui la proie de ces deux ados revendiquant un héritage nihiliste - dénué de toute morale ou de valeur, et voyant la vie comme un jeu perfide dont ils maitrisent les règles.

Un roman absolument génial. D'abord parce qu'il est extrêmement bien écrit. L'écriture est froide, précise, sèche et diablement efficace: elle s'adapte parfaitement aux protagonistes qu'elle met en scène, et accentue la tension dramatique.
Ensuite parce que loin d'être un simple roman sur deux ados, ce livre est aussi une réflexion sur le droit, le nihilisme, la violence physique et psychologique, le jeu, bref: ce qui réunit Ada et Alev, et ce qui nourrit leurs conversations.
Enfin parce que le roman est parfaitement construit, l'action parfaitement déroulée. On tremble jusqu'au bout comme dans un bon polar, mais au contraire d'un bon polar on ne peut s'en défaire immédiatement, parce que c'est un roman bouleversant et d'une grande intelligence.

Assez retournée par ce premier essai, j'en ai trouvé un autre très différent, mais remarquable lui aussi: Die Stille ist ein Geräusch - eine Fahrt durch Bosnien (en français: Un silence assourdissant).


Ce livre raconte le voyage de Juli Zeh et de son chien en Bosnie, pendant un mois. Elle y part pour essayer de trouver des réponses à des questions simples: pourquoi la guerre a-t-elle éclaté, et que s'est-il passé depuis? A travers le récit de son voyage, on découvre une population totalement bouleversée par l'épuration ethnique, mais aussi un pays livré à lui-même, devenu invisible et inexistant pour la communauté internationale.
Un récit très personnel, parsemé de réflexions et de remarques accumulées durant le voyage, tantôt sérieuses et documentées, tantôt fantaisistes et loufoques. Elle parle d'un pays sublime encore truffé de mines, elle raconte les stratégies pour faire monter son chien clandestinement dans les bus bosniaques, évoque le voyage et ce besoin viscéral d'aller toujours plus loin...

Voici l'intro, que je trouve très réussie. Viel Spass pour ceux qui parlent allemand...

" Der Hund guckt vom draussen druch die Glastür, die Nase dicht an der Scheibe. Wenn er Daumen hätte, würde er sie drücken. Dafür, dass es jemandem hier gelingt, mir die Idee auszureden.
Die Frau im Reisebüro teilt seine Auffassung. "Was wollen Sie dort? Da ist doch Krieg!"
Gewesen. Ich verzichte auf Richtigstellung und starre auf die Landkarte vor mir, die ich nur zu sehen bekomme, weil ich "Recherche" statt "Tourismus" sage. Einige nicht sehr grosse Länder liegen unordentlich nebeneinander, ein paar Namen von Städten und Flüssen kenne ich aus dem Zwanzig-Uhr-Nachrichten. Im Herzen des Finsternis lieht ein weisser Fleck, in dem geschrieben steht: "Dieses Land eignet sich nicht für touristische Reisen." Das ist Bosnien-Herzegowina.
Pascal hat mal gesagt, alles Unheil auf der Welt komme daher, dass der Mensch nicht ruhig zu Hause auf seinem Hintern sitzen kann.
Der Hund guckt noch immer so. Ich beschliesse, ihm wegen Illoyalität das Abendessen zu kürzen."

08 septembre 2007

Les dents de l'amer

Second retour à Leipzig, un peu spécial lui aussi.
Au retour de chez le dentiste, un peu sonnée, ma bouche ne sachant pas trop ce qui vient de lui arriver, je monte dans le tram direction chez moi, mon lit, loin des anesthésiants, pinces et autres instruments de torture...
... et voilà que je tombe dans les pommes en plein trajet sur la ligne 9. Chute brutale de tension due à un dentiste qui m'a poussée un peu trop vite vers la sortie. Pas trop eu le temps de récupérer.
Quelques heures et une batterie de test plus tard, j'étais enfin dans mon p'tit lit, au chaud.
Bon, mais à part ça tout s'est bien passé, je ne suis quasiment plus enflée et j'ai déjà quasiment quitté le mode mémé-se-nourrit-de-bouillies, donc tout va bien.

Peu à peu la ville se repeuple et les gens rentrent de vacances. Ouf!