19 décembre 2007

Travaux à Dresde et Leipzig: un pont, un tunnel et surtout... un gros bordel

Dimanche à Leipzig, un ami ingénieur de Florian nous a fait visiter un morceau du tunnel, sous la place du marché, en plein centre. Pour ceux qui ne seraient pas au courant: Leipzig va avoir un métro. Son plan géographique, je ne le connais pas, mais je sais que le centre piéton, jusqu'ici pas desservi par les trams (ils circulent autour du centre, sur le "Ring"), sera désormais complètement accessible grâce au u-bahn, qui a pour but de désengorger la circulation automobile.
Ce tunnel coûte un fric absolument monstrueux, et nombreux sont ceux qui doutent de son utilité. J'en fais partie: le réseau de tram est excellent à Leipzig, et le centre est facilement accessible à pieds sauf depuis le début des travaux, sérieusement enquiquinant pour les piétons. Et visiblement une seule ligne de u-bahn est prévue... or elle devrait être terminée seulement en 2009.
L'autre question pour l'instant sans réponse, c'est de savoir si les ICE - les TGV allemands - circuleront également dans le tunnel. C'était l'argument numéro un pour la construction du tunnel grâce au gain de temps sur certains trajets, mais visiblement cela n'est pas si évident que ça. Et pour l'instant, l'affaire est qualifiée d'un gros point d'interrogation.

En tout cas j'étais curieuse de voir à quoi cela ressemblait dans les entrailles de la ville. Je n'ai pas regretté, c'était bluffant.

La gentille machine qui perce le tunnel. Autant vous dire qu'on se sent petit à côté.


Un tunnel à Dresde, voilà ce que réclament à corps et à cris les ennemis du Waldschlösschenbrücke, le pont sur l'Elbe qui va être construit près de chez moi. Un pont sensé lui aussi désengorger la circulation. Mais il sème la discorde, car la circulation automobile va sans doute chasser définitivement une espèce très rare de chauve-souris établie dans le coin. L'argument principal c'est aussi que la construction du pont va faire perdre à Dresde son statut de patrimoine mondial de l'UNESCO. Est-ce que ce statut rapporte de l'argent à la ville? C'est une question à laquelle j'ai eu toutes les réponses imaginables - donc aucune.
Je ne sais pas trop quoi en penser. J'ai vu des images du futur pont et c'est clair qu'il n'embellira pas le quartier, qui est lui très joli- situé sur les hauteurs de Dresde avec vue imprenable sur l'Elbe.
Les acharnés tentent comme ils peuvent d'arrêter la construction du pont, entre occupation du site et flyers "Ja zum Tunnel". Peine perdue, puisque les travaux ont commencé il y a quelques semaines.

Un pont, un tunnel, deux projets décriés et dont l'utilité n'est pas flagrante. Que se passe-t-il en Saxe? Concurrence face à l'ouest, manque d'humilité? Ou bien ces projets ont-ils une vraie valeur? Voici les questions qui animent les débats locaux- questions auxquelles on peine à trouver une vraie réponse...

15 décembre 2007

Première fois

C'est étrange d'être publié pour la première fois. Peu importe dans quel média, c'est une drôle d'impression. On voit ses propres mots affichés, on voit son nom écrit noir sur blanc. On relit le tout, et les mots semblent ne plus vous appartenir. Ils sont là, à la merci du lecteur, prêt à les dévorer un par un. Le produit de vos réflexions personnelles, de ces minutes, heures ou semaines passées devant l'ordinateur à chercher la tournure avec un grand T, le titre qui convient, la conclusion parfaite... tout est exposé, étalé, là devant vous, ça en deviendrait presque indécent.

Puis vient la phase critique: celle de la vraie relecture. Lorsque vous avez l'esprit clair et dégagé, une bonne nuit de sommeil derrière vous. Et là, non seulement les mots vous semblent étrangers, mais en plus vous les trouvez dans l'ensemble... peu excitants. Plats. Chiants.
Pas évident la première fois. Mais comme dirait l'autre, c'est en forgeant qu'on devient forgeron...

Et puis vient l'anecdote marrante. Mon article d'essai pour rencontres parle de l'expérience d'assistante de Marion. Or maintenant c'est moi l'assistante. Et comme les autres je suis abonnée à une liste commune qui permet aux assistants français de rester en contact, et grâce à laquelle on peut envoyer des messages communs.
Or aujourd'hui parmi ces messages il y a une assistante qui recommande de lire... mon article, toute contente qu'"on parle de nous".

Alors on se console en se disant que ce qu'on a écrit ne restera pas dans les annales, mais que ça aura au moins plu à une personne. Et qu'au fond, c'est déjà un début. Oui, je parle de début parce que une chose est sûre: malgré les drôles d'impressions nées de cette première fois, je suis certaine d'une chose:
je suis loin, très loin de m'arrêter d'écrire.

08 décembre 2007

Curieuse semaine que celle qui vient de s'écouler. Tombée malade mardi, j'ai donc été dispensée d'aller travailler mercredi et jeudi. Peu à peu mes cordes vocales se font la belle, et le concert du choeur se rapproche. Ce qui m'agace dans tout ça c'est que j'ai été incapable de faire de mon temps libre quelque chose de constructif. Parce que quand on est malade, on reste au lit, point à la ligne.

Alors, je lis. Les journaux, toujours - et puis je m'acharne sur ce livre étrange qui me suit depuis des semaines sans que j'arrive à le terminer: "die Legende vom Glück ohne Ende", de Ulrich Plenzdorf, citoyen d'ex-DDR et également auteur des "Nouvelles souffrances du jeune Werther". Ce livre a été adapté au cinéma dans les années 80 sous le nom "die Legende von Paul und Paula", je l'avais vu avec ma coloc Tabea lorsqu'elle préparait un exposé sur les Heimatfilme.

Le film nous avait déjà semblé étrange, très daté. Le livre est spécial lui aussi.

Il s'agit de l'histoire d'amour tumultueuse de Paul et Paula, qui se joue dans le Singer, une sorte de cité de Prenzlauerberg à Berlin, à l'époque où le quartier était encore un vrai quartier ouvrier.
Paul et Paula se connaissent depuis l'enfance mais se "loupent" au moment clé de l'adolescence, Paul étant parti étudier en Russie. Chacun se marie et fonde une famille, mais peu à peu l'attirance entre les deux se fait sentir...
Le récit de cette "histoire de bonheur sans fin" est mené par un habitant du Singer, proche des protagonistes, mais dont on ne connait pas le nom. Paul et Paula interviennent rétrospectivement dans le récit pour le ponctuer de petits commentaires confiés au narrateur, qui les insère directement. Le style est simple, les phrases courtes.
Les traces d'une mentalité très DDR sont visibles mais je n'irai pas jusqu'à dire qu'elles sont criantes. Mais l'habitat collectif, le fait que le Singer soit au courant de tous les détails de l'histoire, que chaque étape soit vécue collectivement, que Paul et Paula soient - du moins quand ils sont en forme - des travailleurs exemplaires, tout ça peut être vu comme "preuve de".
Une sorte de conte de fées à la sauce DDR, donc.

Est-ce que le conte en question a droit à une happy end, je ne le sais pas encore. En tout cas, malgré le style très simple, je trouve ce livre sec, voire âpre - quasiment d'un autre temps, et donc pas si facile ni forcément très agréable...
Mais si vous avez l'occasion de voir le film, il reste intéressant - tout comme le livre. Les deux sont très connus en Allemagne et font partie de ces oeuvres embarquées dans la réunification, reconnues à leur juste valeur...