20 juillet 2007

Librairie, suite

En ce moment je me demande ce qui leur prend:
"Tu viens à la soirée à Montreuil demain?" (dixit JB il y a quelques semaines), "alors comme ça t'étais à paris début juillet?" (Xavier), ou encore "Je suis sur Sevran, ce serait sympa de se voir" (Lise)...
Ce à quoi j'ai patiemment répondu: "Je suis toujours à Leipzig", me demandant malgré tout si par hasard je n'étais pas en possession d'un double, errant à ma place dans Paris et sa banlieue, buvant des coups avec mes amis et dormant dans ma chambre donald duck (ne riez pas, ca n´est pas donné à tout le monde d'avoir une chambre donald avec des autocollants des joueurs des girondins de bordeaux collés à côté de la fenêtre peinte en jaune fluo... passons) .

Mais en y réfléchissant, c'est vrai que ces deux derniers été j'ai été relativement, voire complètement scotchée à Paris. Scotchée par un contrat de travail chez Gibert.
Aaaaah, Gibert...

S'il y a une période de la journée que j''aimais chez Gibert, c'était le matin, juste avant l'ouverture.
Lorsqu'on n'est pas encore bien réveillé, remonter le boulevard St Michel peut s'avérer être une épreuve. Devant l'entrée principale se massent déjà les premiers futurs clients. L'ambiance "premier jours des soldes aux galeries farfouillette" c'est quasiment quotidien chez Gibert, sans que personne n'arrive à savoir pourquoi.
On se faufile, donc, pour atteindre l'entrée du personnel, et on grimpe à son étage. Tout est calme, les escalators ne marchent pas encore. Ca sent la colle, le papier, le café chaud dans les gobelets en plastique. Des colonnes de livres fraichement livrés stationnent devant les bureaux, attendant d'être vidées.
Comme la nuit a été brutalement interrompue, on va soi-même s'alimenter en café. Fouiller ses poches à la recherche de la libératrice pièce de 50 centimes, choper des bribes de conversation, le film d'hier soir, la journée qui s'annonce longue, et toi tu fais quoi ce week-end...
... Retour à l'étage. Le gilet bleu attend bien sagement d'être sorti de son placard. On pose son café sur la table, on allume l'ordinateur.
La petite voix annonce le début des festivités. "Bonjour a tous, il est 10 heures, nous allons accueillir les premiers clients".
On savoure les dernieres minutes de répit. La librairie est encore calme, les livres apaisent ceux dont la nuit a été rude. Respirer profondément - mais non je suis pas fatiguée, mais si j´aime les gens...
Les escalators démarrent, délivrant les premières grappes de clients.
Le grand dadais-futur prépa scientifique qui vous demande d´un air angoissé combien de pages font les Métamorphoses d´Ovide, le prof de lettres classiques qui recherche Harry Potter en grec ancien, les parents bien décidés a contraindre leur mouflet a se mettre a lire en anglais, ou tout simplement ceux qui viennent sans but particulier, juste pour le plaisir de flaner entre les étageres ou pour dénicher l´occasion du siècle.
Ceux qu´on est obligé de chasser dix minutes avant la fermeture et dont on sait qu´on les retrouvera demain a la meme heure. Ceux qui recherchent ce lien si particulier qui existe entre un libraire et un client. Ceux qui veulent un livre précis, mais qui ont tout oublié du livre en question, du titre jusqu´au nom de l´auteur ("il a une couverture orange, vous voyez pas duquel je parle?") etc.
Tous ceux-la ont le don de vous faire aimer et parfois détester la nature humaine.

Mais dans tous les cas, vous n´en sortez pas indemne.

1 commentaire:

Comité des usagers du RER B de Sevran a dit…

et ceux qui viennent draguer ma vendeuse de soeur...?

très drôle, ton post.

Passé l'après-midi d'hier en charmante compagnie: Steve et Janice étaient de la meilleure humeur, le temps nous a épargnés ses tempêtes quotidiennes, et les parents nous avaient concocté un met fameux.

Divin.

Je t'embrasse.

E.