17 juillet 2007

La librairie

Extrait de "Livres Echanges", un libéblog tenu par trois libraires.
Ce post, c'est un mélange de l'expérience de mes parents, que j'ai vécue à travers eux, et de la mienne lorsque j'ai bossé en librairie. Tout à coup j'en deviendrais presque nostalgique...

Après une période faste, les vacances arrivent à point nommé. Un peu de repos pour reprendre un autre souffle, se ressourcer, repartir de l’avant. On ne peut pas dire que libraire soit un métier reposant. L’image du libraire qui lit un livre accoudé à son comptoir en attendant le lecteur qu’il saura conseiller entre deux pages de son roman n’existe pas. Ou plus. Mais a-t-elle vraiment existé ? Les cartons, les rangements, la manutention, la compta, l’inventaire, le bilan… sont-ils la raison d’être d’un libraire?

Certes non évidemment, mais ces tâches font inexorablement partie de ce beau métier. Alors parfois, qu’on le veuille ou non, la fatigue prend le dessus. Moins envie de chercher ce livre d’images pour le petit-fils de cette dame. De faire cette recherche sur le pain dans la littérature de jeunesse. De trouver le livre qui convient pour cette ado boulimique… plus l’énergie de faire l’effort. Et pourtant, c’est pour cela que j’ai fait ce métier. Pour ces moments de contacts, d’échange autour du livre. L’histoire a voulu que je travaille en jeunesse alors j’ai appris, petit à petit, à apprécier cette littérature. Parce qu’elle est riche. Parce qu’elle a un rôle à jouer dans le développement personnel de chacun. Parce que j’y trouve mon compte moi aussi à présent… Peut-être aussi parce que c’est ce que je sais le mieux faire finalement.

Mais là ce sont les vacances. Alors prendre un peu l’air. Aller voir ailleurs. Mes livres sont prêts. Quelques pavés sous le bras pour tenir le coup. (Jonathan Strange & Mr Norrell, le deuxième tome de Tobie Lolness et quelques autres… au cas où). Quitter cette ville où je connais toutes les personnes intéressées par le processus culturel. Etre libraire dans une petite ville de province, c’est un peu être le boulanger d’un quartier. Difficile après de sortir sans saluer quelques clients, habitués de la librairie. Finalement, on y prend goût aussi. Avoir une certaine forme de reconnaissance. Sentir une certaine forme d’utilité dans l’endroit où l’on vit. Mais des fois, il faut partir. Pour prendre du recul. Alors je quitte cette ville pour aller voir ce qui se passe ailleurs. Quelques amis à voir. Quelques promenades à faire. Et forcément, inévitablement, mes pas me poussent vers ces librairies que je croise au gré des villes. Librairies générales, librairies spécialisées. Peu à peu, l’objet professionnel me quitte et le plaisir revient. Tiens, ce livre est déjà sorti. On en discute un peu avec le ou la libraire et on se laisse guider. Avec le plaisir retrouvé du client, du flâneur. Car elles existent encore ces librairies indépendantes dont on prédit la disparition depuis des années. Je les croise quand je ne suis plus chez moi. Elles survivent grâce à l’engagement de leurs libraires et je n’ose imaginer qu’elles puissent disparaître. Je me promène dans ces lieux de vie, où les livres tombent des tables, non parce qu’ils sont mal rangés mais parce qu’ils vivent, encore un peu. Et peu à peu, l’envie me reprend. D’y retourner. De retrouver ma cave de libraire. Tant pis pour le soleil que je ne vois pas. Tant pis pour les cartons, le rangement et la manutention. Il y a encore tellement de livres à conseiller et à découvrir que je ne me lasse pas d’y retourner. Tant qu’on me laisse prendre des pauses de temps en temps…
Simon Roguet, librairie M’Lire Laval

Jonathan Strange and Mr Norrell, Susanna Clarke, Robert Laffont.
Tobie Lolness T02, les yeux d’Elisha, Timothée de Fombelle, Gallimard jeunesse.

1 commentaire:

Xavier a dit…

Ariane, t'étais en France début juillet! Et tu nous a rien dit! Hé bien, vive la France! Sympa!

Bon sinon, la poule et moi même arrêtons pas de nous balader (d'ailleurs le 7 juillet, on étaient à "Venice", aaaahhhh).

Au fait, passe voir le blogdaban.blogspot.com

bisous