18 octobre 2006

Premiers pas à la fac

Retour sur ces premiers jours de cours qui marquent mon entrée officielle dans la vie étudiante Leipzigoise...
Lundi, j'avais un premier cours plutôt sympa, du thème (français-allemand) ouvert aux français erasmus. RAS.

C'est mardi que les choses se sont corsées!
J'avais repéré un séminaire qui correspondait exactement au sujet de mon mémoire: "Mediensystem der DDR" (le système médiatique de la RDA); or ce séminaire a lieu le mardi à ... 7h30! Et comme je ne suis pas la seule à m'y intéresser, et qu'en plus je ne me suis pas inscrite comme les autres, j'ai dû arriver quasiment 30 minutes en avance pour être sûre d'avoir une place. Et encore! Rien n'était sûr. Si le prof s'était levé du pied gauche, j'aurais pu être virée séance tenante, sachant qu'il avait indiqué que le séminaire était réservé à 25 étudiants seulement. J'arrive donc hier à 7h à la fac, 10 personnes sont déjà assises; 20 minutes plus tard, nous sommes 40, et à 7h30 nous sommes 45. Ca se bouscule, ça s'assoit partout où ça peut. Chaotique.
Le prof arrive et ne semble pas étonné de voir 45 clampins entassés dans une salle de 25 à 7h30 du matin. Moi, je l'avoue, j'hallucine complètement. Peu à peu, il fait l'appel et se rend compte que beaucoup de gens ne sont pas présents; il coupe la poire en deux, et décide d'accepter 35 étudiants. Les premiers sur la liste d'attente ont de la chance... les autres n'ont qu'à rentrer chez eux. Au moment où ceux-là, dépités, sortent de la salle, je me lance dans mon petit speech: "monsieur... erasmus... savait pas... innocente... perdue... yeux de chiens battus..." Et ça marche! Il prend donc 35 étudiants... +1: moi! Triple ouf, ça a marché; je respire. Certaines filles qui partent me regardent de travers, je leur sors mon plus beau sourire-de-petite-étudiante-erasmus-innocente.
Le prof commence donc par se présenter, et enchaine sur ses attentes concernant ce cours. Par curiosité il demande qui a grandi à l'ouest, qui a grandi à l'est. Résultat: 3 Wessis (= de l'ouest) contre... 32 Ossis (= de l'est). Un peu plus de mélange aurait été sympa, mais sachant que Leipzig est "la" grande ville de l'est, ce n'est pas très étonnant. Le temps passe vite, et c'est déjà la fin. Les cours de 2h en Allemagne durent en fait 90 minutes... Je sors avec une bonne impression. Ce cours va me donner un sérieux coup de main pour mon mémoire.
L'après-midi, deux heures de version avec une prof française et des étudiants français et allemands. La prof est très rigolote, blague beaucoup en français, les allemands sont un peu perdus mais l'ambiance est très détendue. Travail en petits groupes sur "le parfum" de Süskind.

Mercredi matin, cours très intéressant mais qui représente un petit défi personnel pour moi: "rédaction scientifique". C'est un cours (imposé par ma fac parisienne) qui est sensé nous aider à la rédaction de nos travaux écrits; il faut savoir qu'ici, à partir de la licence, les étudiants doivent rendre pour chaque séminaire un "hausarbeit", (travail à la maison) qui varie entre 20 et 30 pages. Ce cours était donc très prisé. Rebelote: j'arrive avec ma coloc Nale 30 minutes en avance, la salle est déjà presque pleine. Une fois arrivée, la prof est obligée d'en virer au moins 15. Et moi, je suis obligée de refaire mon speech, sans les yeux de chiens battus cette fois, car la prof accepte systématiquement les étudiants erasmus. Elle nous présente le cours: c'est exactement ce qu'il me faut, car ça va m'aider à construire mon mémoire.
Premier exercice proposé: chacun écrit son prénom sur une feuille, et doit trouver pour chaque lettre un adjectif décrivant sa personnalité. En français j'aurais trouvé ça mignonnet, voire un peu niais; en allemand, c'est une autre histoire!
Deuxième exercice: faire une phrase dans un registre de langue quotidien, puis adapter cette phrase au registre littéraire, et enfin au registre scientifique. En tirer une liste de remarques sur les changements opérés. Pfiou!! Ce genre d'exercice qui parait enfantin me donne du fil à retordre, mais je ne m'en sors pas trop mal. Et je me prend très vite au jeu: après tout, il s'agit d'écrire!
Dernier exercice: remplir un tableau concernant nos précédents travaux de rédaction/recherche. Une colonne pour les problèmes scientifiques liés au sujet, une pour les peurs peronnelles liées au travail, et une colonne pour les points positifs. Pour la semaine prochaine, chacun doit produire un texte résumant ces 3 colonnes, et doit le présenter devant les autres.
En bref, ce cours est ultra efficace, on va très vite et en même temps la prof prend le temps de faire participer le plus grand nombre. Je suis sortie assez bluffée; ça contraste tellement avec nos cours français mollassons, qui au final sont tous des pâles copies de cours magistraux! Je suis sortie de ce cours avec une migraine tenace, hé oui, les cours demandent une concentration accrue pour qui n'est pas habitué à entendre un prof parler aussi vite, mais j'étais vraiment contente parce que c'est grâce à ce cours que je vais progresser très rapidement en allemand.

Aujourd'hui jeudi, me voilà partie pour un séminaire assez alléchant: Kinder- und Jugendliteratur in der DDR (littérature pour enfants et pour jeunes en rda). Commençant à sentir un peu la fatigue, je décide d'arriver à l'heure pile, et pas en avance. Erreur: nous étions 75 dans une salle de 30 personnes. Obligée de m'asseoir sur le radiateur, pendant que d'autres se sont installés... dans le couloir! Et ce pendant 1h30, pendant lesquelles on me parle d'un livre que je n'ai pas lu. Peu à peu je commence à comprendre de quoi parle ce livre, mais la prof me dit sèchement à la fin du cours qu'il ne me sera pas possible de passer un exam dans son cours, erasmus ou pas. J'ai juste "le droit" d'assister au cours, ce qui me donne 2 points ECTS au lieu de 5. Avec le recul, je me rend compte que c'est mieux comme ça: je préfère m'investir à fond dans des cours qui me concernent plus directement.
Ensuite avait lieu une Vorlesung (= un cours magistral) qui m'intéressait: Geschlechterverhältnisse in der deutschsprachigen Literatur (= les relations hommes/femmes dans la littérature de langue allemande). Les conditions sont cette fois adaptées au cours: les étudiants sont nombreux, mais le cours a lieu dans un amphi. Ouf. La prof se lance, et là c'est assez impressionant; elle parle un allemand parfait: clair, avec un vocabulaire d'une grande richesse, elle a toujours beaucoup d'humour et un charisme étonnant. Contrairement à nos profs d'amphi, elle est extrèmement disponible, souriante, et reste volontiers répondre à nos questions.
Pour l'instant, on se concentre sur les relations hommes/femmes chez Goethe; mes "collègues" de l'an dernier se demandent sûrement comment je peux encore assister à un tel cours: celui-ci est tellement mieux que les nôtres que ça ne me gène absolument pas d'étudier Goethe, surtout vu d'un angle nouveau, et avec une telle prof!

Si je devais citer une chose qui m'a frappée cette semaine, c'est la participation des étudiants. C'est à donner des complexes, vraiment! En séminaire, la prise de parole est systématique, et rend le cours mille fois plus intéressant; l'échange est réel, entre étudiants mais aussi vis-à-vis du prof.
Par contre, ce qui pose vraiment problème, c'est qu'il y a peu de cours pour beaucoup d'étudiants, d'où les séminaires bondés. Imaginez des étudiants qui se battent pour assister aux cours! On ne verrait jamais ça en France - il faut dire que la fac a plus de valeur en Allemagne que chez nous, où on a tendance à la diaboliser.

Je termine cette semaine fatiguée mais plutôt satisfaite; mais il y a un bémol, et ce bémol porte le doux nom d'ECTS (european credits transfert system), système de points que je "gagne" en cours; je dois en rapporter 30 par semestre, mais Paris 4 ne me facilite pas la tâche en m'imposant des contraintes très éloignées de la vie universitaire allemande. Heureusement les chose se mettent en place, peu à peu. Il faut être patient...
En attendant, vendredi soir a lieu la première grosse fête du semestre. Je compte bien sur cette petite sauterie pour m'aider à me détendre!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

L'avantage incontestable d'un radiateur est qu'il contribue à chauffer l'arrière-train. Tu devrais donc témoigner de la reconnaissance à nos amis allemands, au leiu de te plaindre.

Anonyme a dit…

hallo,

de retour sur cette bonne vieille bécane de la rue bertaux, à ta recherche sur msn...en vain.

soit, je m'en vais donc donner de mes nouvelles, par ailleurs passablement inintéressantes.

en bref, car c'est surtout les tiennes que je venais chercher ici.
je me fais chier à ScPo, bicoz semestre de remise à niveau (en gros je fais la meme chose qu'à Rennes en 2é et 4e années). j'attends donc avec impatience le semestre suivant pour enfin découvrir le gros du taf pour lequel jsuis venu ici.
je passe beaucoup de temps avec flavie, elle vient, jy vais, c'est un bonheur permanent. on devrait d'ailleurs de retrouver ensemble en europe de l'est l'an prochain pendant 8mois.
enfin, je m'apprete à faire pas mal la teuf ces semaines à venir, je te donnerai des nouvelles, héhé, puisque même là dessus on est plutôt intimes depuis septembre dernier (au fait la dernière galette en date??? et le 1er prussien???).

quant à toi, je te somme de me donner des nouvelles de ta vie leipzigoise (entre nous, l'épithète est ridicule comme le...non ça elle va le lire, Ô douce mère), et de ne pas en attendre trop de moi pour l'instant car l'écriture est loin d'être une nécessité en ce moment. Je me fais chier.

kiffe bien, je t'embrasse très fort. à très vite!!!

love.

E.

ps: d'ici peu de temps, je pourrai t'appeler gratuitement depuis notre tel fixe. balance le numéro!

Anonyme a dit…

Et dire que tu essayes de nous faire croire que tu étudies là-bas...heureusement que la dernière phrase remet les choses en place!!
K-ro