19 février 2008

Je suis dans un drôle d'état, qui pourrait rappeler le retour de colo des enfants ou la fin de la tournée d'un chanteur. Après dix jours très intensifs et passionnants, je me sens vide et n'ai qu'une envie: me planquer pour toujours dans une salle obscure.

Mais avant cela je vous raconte brièvement les derniers jours, riches en émotion. Je pourrais citer par exemple notre dernière grosse discussion avant de prendre une décision finale. Peter Sehr (cf photo) et Katja qui nous félicitent pour la qualité de nos débats. La rencontre fantastique avec Uli Hanisch, membre du jury international et l'un des meilleurs chef décorateur allemands, tout heureux de rencontrer des jeunes "Jurykollegen". Nos discussions sans fin sur, devinez quoi, le cinéma. Deux minutes après notre décision, le fatidique coup de téléphone commençant par "Die Jury hat sich entschieden". La remise des prix, où nous arrivons les nerfs en compote.

Markus (à gauche) annonce notre mention spéciale, qui va au très bon court-métrage "Lostage" de Bettina Eberhard.

Et moi qui ai le droit de d'annoncer devant toute la presse que notre vrai gagnant est le film documentaire "Drifter" de Sebastian Heidinger (petit reportage d'arte à voir ici ). Enfin nous avons le droit de nous exprimer sur ce film qui nous a tous beaucoup touché. Le dialogue avec Sebastian et son équipe est super intéressant, le second visionnage du film ne fait que confirmer notre décision. En espérant que le film, dont le sujet très dur fait fuir les professionnels, trouve rapidement un distributeur.
Il s'agit du quotidien de trois ados qui traînent autour de la gare Zoo à Berlin, en se débrouillant pour vivre. Leur vie est faite de ventes de journaux, de drogue et de prostitution. Le film montre une relation exceptionnelle bâtie entre l'équipe du film et les protagonistes, entre confiance et absence totale de jugement. Leurs petites manies, leurs corps, ce contraste flagrant entre l'angélisme de ces jeunes et la dureté de leur quotidien, l'innocence qu'ils dégagent parfois sans même s'en apercevoir, tous ces thèmes font de "Drifter" un film touchant et très réussi, dont on espère tous qu'il fera un bout de chemin en Allemagne - voire même en France, puisque le gagnant de dialogue en perspective passe automatiquement au festival du film allemand de Paris et de Nantes.

Pour Perspektive deutsches Kino, notre section, c'est terminé. Il nous restait la partie glamour et paillettes: la grande remise des prix, le film de clôture "Be kind rewind" de Gondry, et l'énorme soirée au Berlinale Palast. Le champagne coule, les larmes aussi. C'est notre dernière soirée ensemble, et ces dix jours nous ont sacrément rapprochés. Personne, je crois, ne peut vraiment comprendre ce qui s'est passé dans nos têtes.

Je quitte Berlin le cœur gros, mais certaine de continuer sur cette voie là. Cette expérience m'a fait comprendre que le cinéma devient pour moi plus qu'une passion. C'est charnel, physique, intellectuel, c'est une drogue qui ne me quittera jamais. Elle m'a permis de connaitre des gens géniaux, et ça n'est que le début.
A propos de gens géniaux: voici le cadeau qu'on a fait pour Katja, notre grande soeur qui nous a toujours présenté à ses amis sous le doux nom de "meine Jury"...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Que d'émotions, hein, ma petite ariane...
bisous

Xavier a dit…

T'as l'air toute bouleversée!

Si ça te manque trop,
on pourra se faire des minis Berlinades à Montreuil si tu veux, je fabriquerai des prix. Tu t'y croiras.

Comité des usagers du RER B de Sevran a dit…

tu es belle!

as tu vu le palmares des oscars??? en chine ils navaient d yeux que pour ca. cette fois il faut avouer que ce next pas le boxoffice qui est recompense. qua-li-te, j'vous dis!

et mon ptit prefere, Dany meileur acteur. que du bon.

Emmanuel.