10 janvier 2008

Raclure Télévisuelle Lamentable

Tout a commencé il y a quelques semaines, dans le métro de Munich. Deux jeunes fument dans un wagon, un retraité leur demande d'éteindre leur cigarette. (Désolée, la version du lecteur mp3 est celle d'un fait divers du même genre qui a eu lieu récemment en Allemagne). Les deux jeunes refusent d'obéir, deviennent agressifs et tabassent le vieil homme.
Scandale en Allemagne, la vidéo de la scène passe en boucle sur toutes les chaines de télévision, le débat sur la criminalité des jeunes remonte tout de suite à la surface.
Roland Koch, ministre conservateur de Hesse (Land de Francfort sur le Main), en profite pour rappeler aux médias son idée d'enfermer les jeunes délinquants dans des camps "à la dure" - mais si vous savez, ceux qu'on voit une fois par semaine dans "envoyé spécial" ou "zone interdite", avec ces gamins dont on prétend que la discipline militaire les réconciliera avec la vie.
Et Koch d'ajouter la petite phrase de trop: "nous avons trop de délinquants étrangers".
Car les deux jeunes criminels sont turc et grec.

Une semaine plus tard je tombe sur un reportage de RTL sur le sujet. Et là, j'hallucine complètement. Deux fois de suite, il est clairement affirmé que les "adolescents issus de familles immigrées sont trois fois plus criminels que les adolescents allemands". Et vas-y que pour me la jouer journaliste consciencieux je balance des chiffres, mais surtout - et c'est le meilleur - un criminologue, sorti d'on ne sait où, qui appuie fermement ces propos, reprenant les chiffres et étayant la thèse.
Il nous est ensuite montré un exemple de camp comme il en existe déjà. Les trois jeunes ex-délinquants interviewés sont tous d'origine étrangère, alors que l'on aperçoit des allemands derrière eux. Ils ont tous les trois les gueules cassées de ces jeunes qui ont connu la rue bien trop tôt. Ils ont du mal à s'exprimer; la caméra s'attarde sur leurs défauts physiques. Le contenu de leur discours ne compte plus.

Après l'aimable visionnage de ce camp sinistre, comme si ça ne suffisait pas, les journalistes en remettent une couche. Mêmes chiffres, même tartignole en guise de criminologue: la même affirmation est balancée une seconde fois en toute gratuité: les jeunes issus de familles immigrées posent trois fois plus de problèmes que les jeunes allemands.

Les chiffres sont certainement vrais. Mais pourquoi enfoncer si bêtement le bouchon, sans même se demander une seconde comment ces jeunes ont pu en arriver là? Se demande-t-on peut-être si ces jeunes, dès le départ, ont eu les mêmes chances que les jeunes allemands? Rien de cela.
Au lieu de ça, un constat froid est jeté une fois, puis deux. Là-dessus, un visage grave de la présentatrice, une bonne page de pub et hop, les consciences sont fraichement imprégnées. Une aubaine pour certains partis, à l'heure où la Hesse et la Basse-Saxe sont en pleine campagne électorale pour élire leurs parlements.

Bravo, RTL. En cinq minutes vous avez réussi à donner un joli pourcentage au parti national allemand. Et à me faire zapper définitivement.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La une de ce matin de la Bild fait comme d'habitude, toujours plus fort (nach dem Motto: la merde en barre, c'est notre métier):

"Irre. Asylrecht schützt U-Bahn Schläger"

J'ai abandonné l'espoir d'avoir des infos par la télé. Me suis mise au Spiegel (permet d'éviter la luxation de l'épaule inévitable lors de la lecture de la Zeit).

T'es a leipzig ou a dresde le WE prochain (celui qui vient quoi, le WE "en 8" comme disent mes parents)? Je sortirai bien de mon trou..

lucie

Anonyme a dit…

Rhoooooo t'exagèèèèères...quelle naïveté...toujours à voir les choses en noiiiiiiir...bah ouvre les yeux connassssseee...

dans tout ça UN TRUC me semble sympa, c'est que l'entente entre Grecs et Turcs se passe à merveille.

bise

E.